
L’année 1974 marque un tournant crucial dans l’histoire de l’Éthiopie. Ce qui a commencé comme des grèves étudiantes contre la hausse du prix du pain s’est transformé en un mouvement révolutionnaire massif, culminant avec le renversement du régime impérial séculaire dirigé par l’Empereur Hailé Selassié Ier. Ce coup d’État, orchestré par une junte militaire connue sous le nom de Derg, a profondément bouleversé le paysage politique et social de l’Éthiopie, déclenchant une série d’événements qui ont façonné le destin du pays pendant des décennies.
Les racines du coup d’État remontent à plusieurs facteurs interconnectés. L’Éthiopie était confrontée à un contexte socio-économique fragile:
- Une inégalité sociale criante: Une petite élite détenait la majorité des richesses tandis que la vaste majorité de la population vivait dans la pauvreté, avec un accès limité aux services essentiels tels que l’éducation et les soins médicaux.
- Un système politique autoritaire: L’Empereur Hailé Selassié Ier régnait depuis plus de quatre décennies avec une main de fer, limitant les libertés civiles et politiques. Les voix dissidentes étaient souvent réprimées.
De plus, la sécheresse persistante qui a frappé l’Éthiopie au début des années 1970 a exacerbé les problèmes économiques et sociaux existants, alimentant le mécontentement populaire.
En février 1974, des étudiants de l’Université d’Addis-Abeba ont déclenché une série de manifestations pacifiques contre la hausse du prix du pain. Ces grèves étudiantes ont rapidement gagné en ampleur, mobilisant des groupes divers de la société éthiopienne: ouvriers, paysans, enseignants et membres de la classe moyenne mécontents. Face à cette pression populaire grandissante, le gouvernement a répondu par des mesures répressives, aggravant encore les tensions.
Le 12 septembre 1974, un groupe d’officiers de l’armée éthiopienne, connu sous le nom de Derg (Conseil), a pris le pouvoir dans un coup d’État sanglant. L’Empereur Hailé Selassié Ier a été déposé et placé en détention domiciliaire avant de décéder mystérieusement en 1975.
Le Derg a promis une “ère nouvelle” pour l’Éthiopie, basée sur les principes d’égalité sociale, de justice économique et de démocratie. Pourtant, la réalité s’est avérée très différente des promesses initiales. Le régime militaire a instauré un système autoritaire brutal, réprimant toute opposition politique et dissidence.
La période suivant le coup d’État de 1974 a été marquée par:
- La nationalisation des terres: Les vastes propriétés foncières appartenant à l’aristocratie étaient confisquées et redistribuées aux paysans, une mesure qui visait à réduire les inégalités sociales.
- L’instauration d’une économie socialiste: Le Derg a mis en place un système économique centralisé, contrôlant les principales industries et entreprises.
Cependant, ces mesures économiques radicales ont entraîné de graves conséquences:
Conséquences économiques du régime Derg | |
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Baisse de la production agricole due à un manque d’incitations pour les agriculteurs | |
Carence de produits essentiels en raison de l’inefficacité des mécanismes économiques centralisés |
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Une guerre civile dévastatrice: Le régime Derg a affronté une série de mouvements rebelles, notamment les Tigréens et les Erythréens qui aspiraient à l’indépendance. Cette guerre civile a entraîné des milliers de morts et a contribué au déclin économique de l’Éthiopie.
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La famine de 1983-1985: Combinée aux effets de la guerre civile, la sécheresse persistante a provoqué une famine cataclysmique dans certaines régions de l’Éthiopie, faisant des millions de victimes.
Le coup d’État de 1974 a donc profondément bouleversé l’Éthiopie, laissant un héritage complexe. Si le régime Derg avait initialement suscité des espoirs de progrès social, il s’est finalement révélé autoritaire et inefficace. La guerre civile, la famine et les troubles économiques ont marqué durablement le pays.
L’analyse du coup d’État de 1974 en Éthiopie souligne l’importance de comprendre les contextes socio-économiques qui peuvent conduire à des bouleversements politiques majeurs. Il met également en lumière les difficultés inhérentes aux transformations radicales et la nécessité d’une approche inclusive pour garantir une véritable justice sociale.