
L’année 380 après Jésus-Christ marque un tournant important dans l’histoire de la péninsule ibérique. Sous le règne de l’empereur romain Théodose Ier, qui avait décrété le christianisme comme religion d’État de l’empire, se tient à Saragosse, en Hispanie romaine, un concile ecclésial majeur: Le Concile de Saragosse. Cet événement, rassemblant des évêques venus de tout le territoire romain, a une influence majeure sur la formation de l’identité chrétienne en Espagne et éclaire les tensions internes qui agitent alors la jeune Église.
Le contexte théologique dans lequel se déroule le concile est crucial pour comprendre son importance. À cette époque, l’arianisme, une doctrine chrétienne controversée remettant en question la nature divine du Christ, se répand rapidement à travers l’empire.
Les aryasains, menés par Arius d’Alexandrie, affirmaient que le Fils (Jésus) était “créé” par Dieu le Père et donc inférieur à lui en essence. Cette position suscite de vives controverses parmi les chrétiens orthodoxes, qui défendent la pleine divinité du Christ.
C’est dans ce contexte troublé que le concile de Saragosse est convoqué. Préoccupé par la propagation de l’arianisme en Hispanie, le groupe d’évêques catholiques présents au concile condamnent fermement cette doctrine hérétique.
Ils réaffirment la foi trinitaire orthodoxe, définissant la relation entre Dieu le Père, le Fils (Jésus-Christ) et le Saint-Esprit comme une seule essence divine, indivisible. Cette position sera par la suite reconnue officiellement lors du Concile de Constantinople en 381, renforçant l’influence des décisions prises à Saragosse.
Le Concile de Saragosse ne se contente pas de condamner l’arianisme; il aborde également d’autres questions cruciales concernant la vie de l’Église en Hispanie. Parmi ces sujets figurent :
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La discipline cléricale: Le concile met en place des règles strictes pour le comportement des prêtres et des évêques, renforçant ainsi l’autorité de l’Église.
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L’organisation territoriale de l’Église: Les frontières diocésaines sont redéfinies pour une meilleure gestion des affaires religieuses sur le vaste territoire de l’Hispanie romaine.
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La lutte contre les pratiques païennes persistantes : Le concile encourage les évêques à lutter activement contre les cultes traditionnels, souvent encore pratiqués dans les campagnes.
Au-delà de ces mesures concrètes, le Concile de Saragosse a un impact profond sur l’identité chrétienne en Espagne. En condamnant l’arianisme et en réaffirmant la foi trinitaire orthodoxe, il contribue à poser les fondements d’une Église unie et homogène en Hispanie.
Ce concile marque également un tournant dans la relation entre l’Église et le pouvoir romain: tandis que Théodose Ier s’implique activement dans la lutte contre l’arianisme, cette intervention impériale renforce le lien entre le pouvoir temporel et l’Église.
Voici un tableau récapitulant les principales décisions prises au Concile de Saragosse :
Décision | Description |
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Condamnation de l’arianisme | Réaffirmation de la foi trinitaire orthodoxe: Dieu le Père, le Fils (Jésus-Christ) et le Saint-Esprit sont une seule essence divine. |
Règles disciplinaires pour le clergé | Définition d’un code de conduite strict pour les prêtres et les évêques. |
Redéfinition des frontières diocésaines | Organisation territoriale plus efficace de l’Église en Hispanie. |
Lutte contre les pratiques païennes | Encouragement aux évêques de lutter activement contre les cultes traditionnels persistants. |
En conclusion, le Concile de Saragosse est un événement majeur dans l’histoire religieuse de la péninsule ibérique. Ce concile contribue à unir l’Église chrétienne d’Hispanie autour des principes de la foi orthodoxe et joue un rôle crucial dans la formation d’une identité chrétienne distinctively hispanique.
Alors que les siècles suivants verront l’Église catholique jouer un rôle central dans la vie politique, sociale et culturelle de l’Espagne, le Concile de Saragosse reste une étape décisive sur ce cheminement historique.